Gestion du site de Koutammakou

Gestion du site de Koutammakou au Bénin : quelques constats de nature à attiédir son attractivité

Le site de koutammakou est un véritable chef-d’œuvre de la nature. C’est un espace vert étendu sur une superficie de 271.826 Ha, dont 240.658 Ha partagé entre les communes de Natitingou, Boukoumbé et Toucountouna au Bénin. Ce territoire du peuple Otammari présente une architecture caractéristique constituée de tours traditionnelles construites à base de terre cuite, véritable emblème de la région. Si les « Tata Sombas » suscitent l’attractivité du milieu, quelques alertes sur la gestion du site qui les abritent doivent quand même être prises en compte.

Le site de Koutammakou : un espace hissé au plus haut sommet par l’UNESCO

Avant d’aborder les facteurs qui peuvent attiédir l’attractivité autour du site de Koutammakou, il est important de rappeler quelques bons points engrangés par l’État béninois. À la faveur des actions du gouvernement pour la promotion du tourisme, dont le projet route des tatas, la partie béninoise du site est reconnue au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2023.

Cette reconnaissance atteste plus de cinq siècles de tradition gardée, de culture et de valeurs entretenues par la communauté Batammariba. Et c’est bien là toute la délicatesse du sujet. La labélisation ne doit pas être perçue comme une fin en soi. Au contraire, elle doit servir de catalyseur pour renforcer les efforts de préservation et de promotion du site de Koutammakou. Malgré cette victoire, plusieurs défis persistent et menacent l’attrait de ce site exceptionnel.

Koutammakou : quelques éléments qui peuvent réduire l’intérêt pour le site

D’entrée, il est crucial de reconnaître que le tourisme à Koutammakou souffre d’une approche plus inclusive et cohésive. Actuellement, les actions entreprises sont insuffisantes pour mobiliser efficacement l’ensemble de la population béninoise autour de cette initiative. Ainsi, à Africa Tours, nous proposons une stratégie de marketing territorial dynamique qui engage toutes les régions du pays, afin que Koutammakou ne reste pas uniquement la priorité de quelques communautés du Nord.

Dans cette optique, des initiatives telles que la création d’un festival d’envergure internationale, inspiré du succès de Vodoun Days à Ouidah, du Nonvitcha à Grand-Popo et du Festival International de Porto-Novo pourraient contribuer à accroître la visibilité et l’attrait de Koutammakou sur la scène mondiale. Cela suppose l’abandon des festivités à caractère ethnique au profit d’un festival fédérateur de toutes les communautés de Koutammakou.

Deuxièmement, la faible densité de population dans les villes Natitingou, Boukoumbé et Toucountouna, constitue un défi démographique majeur. Avec moins de 300 000 habitants, le marché local semble restreint, principalement composé d’agriculteurs. Toutefois, cette situation offre également des opportunités, notamment celle de promouvoir Koutammakou comme un lieu de calme et de détente, loin du tumulte des grandes villes.

Nous pensons que les jeunes de la région peuvent créer un label touristique attractif, mettant en valeur la paisibilité de la vie locale. Cet élan peut être supporté par une meilleure attractivité économique à travers l’implémentation de quelques hôtels dans les trois communes susmentionnées. 

Sur ce plan, Natitingou profite déjà d’une avancée non négligeable en matière d’infrastructures. L’attractivité universitaire dont elle jouit, notamment par l’Ecole Normale Supérieure et la Haute Ecole de Commerce et Management sises sur son territoire sont des signes intéressants.

Tous ces éléments conjugués constituent non seulement des catalyseurs du tourisme, mais également de l’attractivité des entreprises et des résidents dans un contexte de départs massifs des jeunes de la région pour d’autres destinations.

Parmi les facteurs qui peuvent toutefois réduire l’intérêt pour le site, nous évoquons enfin le défi entre la préservation de l’espace traditionnel et le développement moderne. Pour trouver un équilibre entre tradition et modernité, il est essentiel de s’entourer d’experts en marketing territorial et de toutes les parties prenantes dont les citoyens, le secteur privé, la société civile, la Chambre du Commerce et d’Industrie, les universitaires, les promoteurs hôteliers qui tous ensemble forment le bloc des ambassadeurs du territoire. Seule une approche collaborative et inclusive permettra de trouver des solutions durables pour promouvoir le tourisme à Koutammakou tout en préservant son authenticité et son héritage culturel.